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[La ligne de flottaison : frontière visible mais fluctuante qui sépare l’air de l’eau, le net du brouillé, zone sèche bien reconnaissable et partie immergée rongée, corrodée, frottée par les embruns, les rigueurs minérales… De là des couleurs tantôt meurtries, tantôt transcendées, de là des reliefs inattendus, des matières nouvelles, des textures et des grains insolites.

Cette ligne, c’est un peu comme la dichotomie trop brutale entre figuratif et abstrait, cet écart qui séparerait le spectateur de l’image, cette distance supposée entre l’œil qui recherche une représentation du réel, et ce point de vue transformé d’un petit fragment de réalité.

La partie visible nous relie à l’humain, au savoir-faire précieux de l’artisan, bâtisseur de nefs. On est au-dessus de cet « horizon » que constituerait cette fameuse ligne de flottaison.

 

Mais, Christine Drouillard vous invite à plonger sous ce trait au tracé hasardeux, jouet de l’élément aquatique.

Et si l’œil ose une exploration en-dessous, là les repères nous fuient : l’art de l’eau, insondable, imprévisible, ravage à sa guise, corrompt, colore, éclate et rouille, écaille et croûte le bois, la poix et la ferraille. Il apparaît alors des détails remarquables.

 

Ce sont ces nouvelles apparitions qui captivent l'objectif de l'artiste. Des accidents nés de la nature. A son gré, elle tire vers la composition abstraite, trouble la vision. Plus la photo s’approche d’une peinture, plus le regard est brouillé, les pistes perdues, meilleur est le résultat.]

Jean Henri Maisonneuve - Critique d'art

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